Déclaration initiale Mémoire Vérité Patrie
C’est le samedi 13 juillet 2019 de 10:00 à 12:00 que Maître Fabien Méré a initié la déclaration » Mémoire Vérité Patrie « , à la veille du 14 juillet (fête nationale en France) afin de rappeler à la France sa responsabilité dans ce qui se passe au Gabon.
« La restauration de la République gabonaise passe par le respect de l’expression de la souveraineté du Peuple.
Ce moment charnière de notre histoire nous commande de continuer de lutter, ensemble, en toute responsabilité.
Aussi, je vous invite à unir nos efforts pour relever ce défi de redressement de la Patrie. »
Texte de la déclaration
« …La France a une lourde responsabilité dans ce qui se passe en Afrique francophone et particulièrement au Gabon, le Gabon qui aura été la tête de proue de ce que nous tous appelons la Françafrique…
J’ai voulu, avec le concours de ceux qui ont organisé cette rencontre évoquer certains visages (des victimes du régime Bongo depuis les années 60) pour faire état de la mémoire.
La mémoire, c’est ce qui nous unit, c’est ce qui nous permet de nous constituer en peuple, c’est ce qui a fait le socle de la France, c’est ce qui fait le socle de l’Allemagne, c’est ce qui fait le socle des États-Unis avec ses avantages et ses travers. Et notre mémoire à nous Gabonais est malheureusement parsemée de drames, il y a très peu d’événements glorieux, pour le moment, qui ont jalonné notre histoire…
Germain MBA… Martine OULABOU… Jeffrey Ulrich…
Dans un État, quand il y a mort d’homme, quand il y a une situation qui prête à confusion, il y a une enquête qui est ouverte et il y a une réponse qui est donnée au nom de la société et à la société… Aucune enquête n’a été faite, personne n’a été inquiété, personne n’a été condamné… Ces choses expliquent la barbarie de ce régime…
Et si cette mémoire est nécessaire, nous nous devons de l’accepter en vérité. En vérité dans le ce sens où, nous devons accepter la vérité des urnes, nous devons accepter de ce que dans notre pays des crimes ont été commis et n’ont jamais été résolus, nous devons accepter que les assassins jusqu’à ce jour n’ont jamais été arrêtés ni punis, nous devons accepter de ce que si les résultats du 27 Août 2016 ne sont pas consacrés et restaurés, NOUS NE DEVONS PAS TOURNER LE DOS à CELA, sinon nous donnons du pain facile à nos ennemis, à nos bourreaux, et ce sera chaque fois « bis repetita »…
Pour une fois que nous avons réussi à faire l’unité sur le choix d’une candidature, et ça n’est pas près d’arriver à nouveau, nous nous devons, si nous sommes conscients de ce que nous appartenons à un pays qui est le nôtre, à une nation qui doit devenir la nôtre, c’est la première marche de la construction de la nation gabonaise, c’est reconnaître les résultats de l’élection présidentielle du 27 Août 2016, permettre enfin à ce que des Institutions fiables soient mises en place, que les coupables soient arrêtés, jugés… Qu’il y ait une amnistie après, ce nest pas un problème, la société est obligée de se reconstruire, nous sommes condamnés à procéder au vivre ensemble .. Mais il nous faut passer par ces étapes qui imposent à la Communauté Internationale d’avoir un regard froid et vrai sur le Gabon.
Voilà pour ce qui concerne cette Mémoire et cette Vérité.
Je voudrais me projeter sur la Patrie…
J’évoquai à l’instant le 27 Août 2016. Cette date est gravée à jamais dans la mémoire des Gabonais, dans l’inconscient des Gabonais. Même si on ne l’évoque pas et on n’en parle pas tous les jours, tant que nous n’aurons pas résolu ce problème, nous continuerons à avoir des difficultés énormes, et le Gabon ne se mettra pas sur ses deux jambes pour aller vers le progrès.
Regardez ce qui se passe au pays : nous sommes tous au courant de ce qu’il y a une repression terrible qui s’abat sur tous ceux qui osent évoquer l’idée de ce qu’Ali BONGO, obstacle physique à la réalisation du 27 Août 2016, ne serait plus en capacité de gouverner cet État.
J’ai dit qu’il était mort comme on l’entend, et depuis hier (12 Juillet 2019 Ndlr) j’ai l’impression même, qu’il est mort comme il n’entend plus, puisque tout le monde dit qu’il est mort, et il semblerait que lui ne l’entend pas.
Donc, l’idée de déclaration de vacance de pouvoir qui figure dans la législation gabonaise, dans la Constitution gabonaise, peut être évoquée mais ne doit être évoquée que pour la restitution de l’élection du 27 Août 2016.
La vérité des urnes, que ce soit par la déclaration de vacance de pouvoir, que ce soit à travers l’application d’une décision de justice qui viendrait, même si on peut rêver, de l’Union Africaine, de la Commission Africaine des Droits de l’Homme, que ce soit à travers une démarche de l’Union Européenne en application des résolutions du 10 Février 2017 et du 14 Septembre 2017, tout cela doit concourir à restituer la vérité des urnes.
Et je dis à mes compatriotes : ne nous perdons pas, ne nous égarons pas, ne nous trompons pas, ne croyons pas un seul instant que nous réussirons quoi que ce soit si nous tournons le dos à l’élection du 27 Août 2016. C’est une erreur, ce serait une grossière erreur. C’est une affaire qu’il faut mettre au niveau de la patrie. Elle ne se réduit pas à un homme ou à un groupe d’hommes, c’est l’expression de la volonté populaire…
Les idées dès qu’elles sont émises ou dès qu’elles existent, elles ont leur propre existence et ne dépendent plus de nous. Le résultat du 27 Août 2016 est acquis, il appartient à l’ensemble des Gabonais, il n’est plus la propriété d’un individu ou d’un groupe d’individus ou d’un parti politique. C’est une idée qui par elle-même existe et elle va rester dans l’histoire du Gabon.
Et dans la réalité et la pratique, si nous ne la réalisons pas, elle ne s’éteindra pas, mais nous nous aurons échoué.
Donc, à mes chers compatriotes, comprenons bien que quels que soient les ambitions et les projets que nous nourrissons les uns et les autres, et qui peuvent être légitimes, qui peuvent être de droit, nous ne pourrions les réussir que si nous nous mettons en situation de nous unir, d’unir nos efforts, nos forces, pour que le contentieux du 27 Août 2016 soit réglé, pour que nous bénéficions d’un environnement politique viable, afin d’exprimer nos ambitions personnelles, et ce ne sera que légitime à ce moment-là. Mais si nous devons nous atteler à viser la lune alors même que nous n’avons pas encore traversé le petit fleuve qui nous sépare du village voisin, nous n’arriverons jamais, jamais, à réaliser nos rêves.
Et le rêve des Gabonais aujourd’hui c’est de voir son expression populaire et sa souveraineté reconnues sur le plan international…
Le Président de la République française, Emmanuel MACRON, lors de son rendu du Grand Débat national pendant plus de deux heures et demie, s’est appuyé sur un aspect fondamental de l’histoire de la France : il a rappelé à tout l’aréopage qui assistait à cet échange que les Français étaient les héritiers des Lumières…
On ne va pas sombrer dans l’histoire, mais l’Italie, les Lumières, les grands philosophes qui ont permis à la France de s’ériger telle qu’on la connait aujourd’hui, se sont nourris d’idées nobles et non pas de trafics, ils n’ont pas créé la Françafrique… Ils étaient peut-être impliqués dans l’esclavage, mais ils sont partis.
Et quand certains disent « je ne suis pas né, je n’ai pas connu la colonisation »…
Oui ! Mais vous êtes l’héritier des avantages de la colonisation, et le peuple gabonais est l’héritier du malheur de l’esclavage et de la colonisation. Et il faut arrêter donc la néo colonisation. Et si on est l’héritier des Lumières, on se doit de remettre en avant les Lumières, ce sont elles qui permettent de ramener l’homme dans son humanité profonde.
Et c’est ce que vous avez fait, Monsieur LEINEN, au niveau du Parlement Européen, parce que vous avez érigé le principe, le dogme de la vérité, au plus haut sommet. Je ne pense pas qu’il y ait un petit pays autre que le Gabon, qui ait obtenu ce que vous avez obtenu au niveau du Parlement Européen et nous vous en remercions infiniment parce que ces résolutions sont rentrées à jamais dans l’histoire et serviront de jurisprudence pour tous les problèmes du Gabon….
Je demande donc à mes compatriotes de revenir à l’essentiel…
Je demande aux compatriotes qui ne sont pas présents dans cette salle, de comprendre qu’il est important qu’ils mettent leur énergie pour que le résultat du 27 Août 2016 soit effectif. Et ce n’est qu’à ce prix-là que chacun des enfants du Gabon pourra se projeter et nourrir des ambitions personnelles dans un environnement viable et plus ou moins sain. C’est fondamental.
Et quand on regarde le contexte du pays aujourd’hui, nous nous rendons compte que ce régime aux abois est entrain de tomber.
Je vous le dis, je souhaite que dans quelques temps il y ait une débandade au niveau du régime gabonais, de cette dictature, parce qu’une dictature ne sait jamais et ne voit jamais au moment où elle se précipite vers le gouffre. Elle se résume généralement à une exagération de l’utilisation de la force et de la violence, et c’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui.
Et pour les Gabonais, vous savez très bien que nombre de Pédégistes ont déjà été exclus du cercle de l’exercice du pouvoir. Ces gens aujourd’hui sont plus proches de nous que jamais, même si on peut leur reprocher des tas de choses, ils vont participer à cet élan collectif qui fera tomber le dernier carré qui empêche le Gabon d’accéder à la souveraineté politique.
Et c’est pourquoi nous devons nous battre pour que le 27 Août 2016 reste sur la table, et je vous demande de rester en contact avec moi.
Je lancerai un nouveau message pour que ceux qui sont convaincus de ce que nous ne pourrons aller plus loin que si nous faisons tout pour que l’exercice de notre souveraineté, notamment au soir du 27 Août 2016, soit reconnu.
Je compte sur vous.
Merci à tous.