Programme Journée Mémoire Vérité Patrie 2022
Ayant investi la Galerie Joseph dans le 3e arrondissement de Paris, la journée du samedi 16 juillet s’est articulée autour de six temps forts :
- L’exposition Sans Oublier les Oubliés
- Leçon magistrale
- Débat
- Carte blanche
- Atelier
- Prix Mémoire Vérité Patrie
L’exposition « Sans Oublier les Oubliés »
Le nom de l’exposition est directement inspiré du titre « Sans oublier l’oublié » de Pierre Akendengue, sorti en 1996 dans l’album Carrefour Rio.
L’exposition « Sans oublier les Oubliés » répond à différents objectifs :
- Transmettre, partager et expliquer notre histoire ;
- Perpétuer la mémoire nationale des luttes et événements marquants
- Valoriser la figure de ces hommes et femmes et leur engagement et commémorer leur disparition ;
- Sensibiliser l’opinion sur la réalité de la dégénérescence mémorielle liée à l’oubli.
L’exposition « Sans oublier les Oubliés » est donc l’occasion de (re)découvrir les visages et les vies de celles et ceux qui se sont confrontés à la dictature pour que le Gabon accède à la Démocratie, de leur rendre hommage et d’honorer leur mémoire.
Hommes, femmes, artistes, acteurs politiques ou activistes, d’hier et d’aujourd’hui, « Sans oublier les Oubliés » est une galerie permanente de portraits qui opère une plongée dans des parcours singuliers et ouvre sur une autre manière de regarder l’histoire du Gabon et de l’Afrique.
En parallèle des portraits des figures oubliées, l’exposition « Sans oublier les Oubliés » propose cette année de mettre en lumière la scène artistique contemporaine gabonaise.
À travers leur art et leur vision, ils contribuent à la volonté de réappropriation de notre roman national.
Résonance réunit plusieurs artistes et nous invite à découvrir leurs univers autour d’une trentaine d’œuvres de divers médiums : peinture, dessin, art numérique, photographie, streetwear, etc.
Les figures de la résistance anti-coloniale
La conquête des territoires d’Afrique par les occidentaux (portugais, espagnols, anglais, français, allemands, italiens) s’est heurtée à la résistance des populations africaines du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest du continent.
De Shaka Zulu au Sud de l’Afrique à Abd el-Kader dans l’Ouest algérien, de Almany Samori dans la boucle du Niger à la reine Ranavalona III à Madagascar, des hommes et des femmes ont exprimé leur opposition à l’occupation des terres et à l’exploitation de leurs semblables sur le sol africain.
Que ce soit par l’organisation de révoltes du temps de la colonisation, d’actions militantes en faveur des indépendances ou par leur production intellectuelle contre l’impérialisme occidental sous toutes ces formes, des hommes et des femmes ont durablement marqué l’histoire de la résistance des populations en terre africaine en général, et au Gabon en particulier.
Cette table ronde a pour objectif de tirer les enseignements de l’expérience des africains engagés dans la lutte pour l’émancipation et la souveraineté des peuples africains, pour les générations actuelles et futures qui aspirent à la réalisation de ces objectifs.
Les interventions de Hugues AWANHET (Anthropologue), Roméo NDIMINA (Président de Conscience gabonaise), Jesus Herell NZE OBAME (Enseignant-Chercheur, Président du Collectif Gabon Anjou) vont successivement permettre de fournir un éclairage sur les dimension anthropologique, sociologique, politique, militante mais aussi intellectuelle et idéologique de la résistance anti-coloniale.
Le système répressif du pouvoir gabonais
Jocksy Andrew Ondo-Louemba est un journaliste et écrivain gabonais né à Mounana au Gabon le 4 janvier 1985. Il documente particulièrement les « crimes rituels » (qui sont en réalité des sacrifices humains), la torture au Gabon ainsi que le régime d’Ali Bongo, arrivé au pouvoir à l’issue de l’élection présidentielle contestée de 2009.
Il est l’auteur de Something is wrong, un essai polémique sur l’Afrique paru en 2015 et de Mauvaises Nouvelles, Chroniques du Gabon (2016-2019), recueil de ses articles sur le Gabon paru en Décembre 2020.
Lors de la Journée Mémoire Vérité Patrie 2022, Jocksy Andrew Ondo-Louemba a analysé « le système répressif du pouvoir gabonais ».
« La répression politique est l’oppression ou la persécution d’un individu ou groupe pour des raisons politiques, particulièrement pour restreindre ou prévenir la possibilité qu’il puisse participer à la vie politique de la société.
La répression politique peut prendre la forme de discrimination politique, abus de surveillance, violence policière, emprisonnement, inquisition, déportation, suppression des droits civiques, et des actions violentes comme le meurtre, l’exécution sommaire, la torture, disparition forcée et autre punition extrajudiciaire de militants, dissidents, ou de la population en général.
Quand la répression politique est sanctionnée ou organisée par l’état, on parle de terrorisme d’État ou de génocide. La répression politique violente et systématique est une caractéristique type des dictatures et des états totalitaires. Dans les régimes de ce type, la répression peut être conduite par une police secrète, l’armée, des groupes paramilitaires ou des escadrons de la mort. »
Comment prendre la parole en public ?
Charlène ONGOTHA est Dr en droit international et Avocate au Barreau de Lyon. Elle est la fondatrice de l’Institut Concorde, un Think Tank dédié au Gabon. Passionnée par les arts oratoires, elle donne des formations dans ce domaine depuis 3 ans déjà. Avec son atelier « Comment prendre la parole en public », Dr Charlène Ongotha s’est donnée pour objectif d’apporter au public les clés d’une prise de parole avec éloquence via des mises en situation concrètes.
De la mémoire et de l’éthique de la résistance
Maître de conférence et auteur, Dr Marc Mve Bekale tentera de saisir les déterminants socio-politiques de la « Mémoire historique et culture de la résistance politique au Gabon ».
Qu’est-ce que la mémoire historique ? Comment se construit-elle ? Quels en sont les enjeux éthiques, philosophiques et sociétaux ? Autant de questions que nous examinerons pour montrer que la mémoire, dans son sens le plus large, participe des mécanismes d’édification d’une nation, de construction des identités, s’inscrit dans la stratégie de formation de l’intelligence civique et de la mise en place des valeurs qui encadrent la vie d’un peuple.
Pourtant la mémoire historique se révèle souvent sélective, en cela qu’elle retient certains évènements et figures du passé au détriment d’autres. Ce phénomène de sélectivité, voire d’occultation mémorielle, semble d’autant plus manifeste au regard de la « mémoire héroïque » du Gabon ― celle de la résistance au colonialisme.
Les Prix Mémoire Vérité Patrie
Le projet Mémoire Vérité Patrie se donne pour mission de modifier le regard porté sur notre histoire et notre mémoire collective, à travers une démarche culturelle, éducative, artistique et civique.
C’est donc dans le cadre du projet Mémoire Vérité Patrie que nous avons décidé de créer des prix qui ont pour objectif de rappeler l’héritage, d’honorer l’engagement et le courage d’une part et, la contribution intellectuelle d’autre part.
Le Prix Mémoire Vérité Patrie – Fabien Méré
Le Prix récompense l’action des défenseurs des droits humains.
Ce prix est décerné à une personne, un groupe de personnes ou une association pour son engagement pour le respect des droits humains, la liberté et la démocratie au Gabon.
À travers le Prix Mémoire Vérité Patrie – Fabien Méré, nous souhaitons valoriser la force, le courage, l’énergie, le temps et l’abnégation que toutes ces personnes, groupes de personnes ou associations qui ont su se déployer au service de l’intérêt général. Véritables sources d’inspiration, elles se sont démarquées par l’audace de leurs actions et leur approche éthique et engagée.
Le Prix tire son nom de Fabien Méré, avocat et défenseur des droits humains, qui a dédié sa vie à la défense des plus démunis, de la dignité humaine et des droits humains.
Le Prix Mémoire Vérité Patrie – Fabien Méré a été décerné à Hervé Mombo Kinga à titre posthume.
Le Prix Mémoire Vérité Patrie – Nicolas Metegue N’Nah
Le Prix Mémoire Vérité Patrie – Nicolas Metegue N’Nah récompense la contribution intellectuelle, la production scientifique, l’ensemble d’une œuvre et son empreinte dans l’histoire de notre pays.
L’objectif de ce prix est de promouvoir tous les types de productions scientifiques (articles, essais, mémoires, thèses, rapports et travaux de recherche, contributions ou publications dans des revues ou ouvrages…) dans les domaines de l’histoire, de la culture et de la mémoire du Gabon.
Avec le Prix Mémoire Vérité Patrie – Nicolas Metegue N’Nah, nous souhaitons non seulement mettre en valeur les contributions de chercheurs, d’auteurs et autres professionnels de l’histoire et de la mémoire : mais également dynamiser, motiver les travaux du monde universitaire et des autres parties intéressées, menés dans le domaine de l’histoire et de la mémoire et ainsi contribuer à la diffusion et à l’exposition de travaux et de la littérature scientifique dans ces domaines.
Le Prix tire son nom du Dr Nicolas Metegue N’Nah, historien de talent, qui se donne pour objectif de vulgariser les connaissances sur l’histoire du Gabon.
En 2022, le Prix Mémoire Vérité Patrie – Nicolas Metegue N’Nah a été remis au Dr Marc Mve Bekale.