Le panafricanisme est à la fois une vision sociale, économique, culturelle, politique, et un mouvement qui vise à unifier les Africains du continent et de la diaspora. Son histoire donne les clés pour comprendre, et parfois résoudre, les questions et les problèmes qui se posent à l’Afrique et que se posent les Africains. L’« Afrique » globalisée doit connaître son passé. Face à la Françafrique aujourd’hui et au colonialisme hier, la voie la plus courte vers l’avenir est toujours celle qui passe par l’approfondissement du passé. Ci-dessous, nous vous proposons une frise chronologique du panafricanisme.
9 juillet 2002 : Création de l'Union africaine (UA)
L’Union africaine (UA) est une organisation intergouvernementale d’États africains créée le 9 juillet 2002, à Durban en Afrique du Sud, en application de la déclaration de Syrte du 9 septembre 1999. Elle remplace l’Organisation de l’unité africaine (OUA). La mise en place de ses institutions (Commission, Parlement panafricain et Conseil de paix et de sécurité) a lieu en juillet 2003, au sommet de Maputo au Mozambique. Malgré la nouvelle dénomination, l’UA n’est que le prolongement de l’OUA. Mis à part quelques organes techniques ou consultatifs supplémentaires, qui alourdissent un peu plus sa structure et son budget de fonctionnement, l’UA ne dispose d’aucune compétence supplémentaire par rapport à l’OUA. Les chefs d’État gardent la haute main sur l’organisation et les attributions du Parlement panafricain, organe simplement consultatif. La réforme inachevée de l’OUA montre une fois de plus que l’« unité africaine », qui demeure l’objectif affiché de nombreux responsables politiques africains, restera une chimère tant que les dirigeants ne seront pas des panafricanistes convaincus, compétents et motivés. Comme l’OUA, l’UA ressemble à un cénacle de dirigeants âgés, souvent mal élus, dictateurs, très éloignés des populations qu’ils sont censés représenter et trop dépendants des grandes puissances internationales, qu’elles soient européennes, américaines ou asiatiques.
Du 19 juin au 27 juin 1974 : Congrès panafricain
Le congrès panafricain du 19 juin au 27 juin 1974 à Dar-es-Salaam, en Tanzanie fut un congrès qui s’inscrit dans le mouvement politique du Panafricanisme. Le congrès s’est structuré autour de trois problématiques qui ont mené à trois accords : un sur la « politique générale, une autre relative à l’économie, et la dernière sur la culture ». Sur le sujet de la politique générale les grands objectifs furent de réaffirmer les combats pour « la lutte pour la libération nationale en Afrique, la discrimination raciale en Afrique, aux Amériques et ailleurs, ainsi que la question du colonialisme, du néo-colonialisme et de l’impérialisme ».
25 mai 1963 : Création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA)
Le 25 mai 1963, 32 États créèrent l’Organisation de l’unité africaine à Addis-Abeba en Éthiopie, cette conférence a été présidée par l’empereur Haïlé Sélassié Ier. Le 24 mai 1963, Kwame NKRUMAH s’adresse directement à ses pairs. Affirmant d’entrée de jeu que « nous devons nous unir dès maintenant ou périr », il tente de donner un contenu concret aux mots d’ordre d’anticolonialisme, de paix et d’unité. Cette dernière doit être réalisée immédiatement, indique-t-il, pour opposer un front commun aux velléités dominatrices des puissances étrangères. En créant une solidarité politique, militaire et économique, grâce à un gouvernement continental et une armée commune, l’unité africaine doit permettre de lutter contre les puissances coloniales qui dirigent encore directement une partie du continent, contre le néocolonialisme qui agit sournoisement dans les États formellement indépendants, mais également contre les conflits interafricains qui se multiplient depuis les indépendances. Le président ghanéen réclame une union africaine au service des peuples. C’est là sans doute que son discours, qui restera dans les annales du panafricanisme, tranche le plus radicalement avec ceux de ses homologues, qui semblent avant tout soucieux de conserver leur pouvoir, fût-ce aux dépens de leurs administrés.
Du 5 au 13 décembre 1958 : Conférence panafricaine des peuples
La conférence panafricaine des peuples a pour objectif de rassembler les « peuples africains » et non les chefs d’État. Plusieurs Syndicats, partis politiques, mouvements de libération africains, organisations non gouvernementales pour discuter des modalités de la libération totale du continent. L’affiche de la conférence montre un homme noir brisant ses chaînes au dessus d’une carte de l’Afrique, et une phrase qui sert de légende : « Vous n’avez rien à perdre à part vos chaînes, vous avez un continent à regagner. » Aux cotés de Kwame Nkrumah et George Padmore qui sont les organisateurs de la conférence, il y a Patrice LUMUMBA (leader du Mouvement national congolais), Kenneth KAUNDA (du Zambian African National Congress), Frantz FANON (envoyé spécial du Gouvernement provisoire de la République algérienne), Félix MOUMIÉ (président de l’Union des populations du Cameroun), le Kényan Tom MBOYA, le Nigérien Bakary DJIBO, et bien d’autres.
Du 15 au 22 avril 1958 : Conférence des États indépendants d’Afrique
Du 15 au 22 avril 1958 à Accra au Ghana, la conférence de tous les États d’Afrique indépendants à l’époque réunit l’Egypte, la Libye, le Soudan, la Tunisie, le Maroc, l’Ethiopie et le Liberia. Cette conférence prend position pour la décolonisation et la mise en place d’une structure collective pour soutenir les autres territoires.
6 mars 1957 : Le Ghana devient indépendant
19 septembre 1956 : Création du Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée Bissau et du Cap-Vert (PAIGC),
Du 4 au 7 décembre 1953 : Conférence panafricaine
Cette conférence se tient à Kumasi au Ghana du 4 au 7 décembre 1953, et accueille des délégués du Nigéria, du Libéria et du Ghana. C’est une phase de plus dans l’évolution de l’idée du panafricanisme. Afin de boycotter cette conférence, les services occidentaux ont posé leur veto à plusieurs demandes de visa de sortie des militants des colonies africaines.
Du 15 au 21 octobre 1945 : Congrès panafricain
Le cinquième Congrès panafricain se tient à Manchester (Royaume Uni). Véritable succès populaire, le congrès proclame la « détermination des Africains à être libres » et adopte le socialisme comme philosophie politique. Kwame Nkrumah, futur premier ministre du Ghana, participe à l’organisation du congrès et crée un Secrétariat national ouest-africain. George Padmore est un des hommes clés de ce rassemblement.
Août 1927 : Congrès panafricain
Grâce à une mobilisation de fonds initiée par une association américaine de femmes noires, le quatrième congrès se tient à New York en août 1927. Il réunit deux-cent huit délégués représentant treize pays et est suivi par cinq mille auditeurs. Il reprend pour l’essentiel les conclusions du précédent, mais son contenu est aussi tourné vers les rapports entre panafricanisme et communisme. En effet, à Bruxelles, en février de la même année, la « question noire » avait été abordée lors d’un rassemblement d’obédience communiste, organisé par la « Ligue contre l’impérialisme et pour l’indépendance nationale ». À cette occasion, une commission spéciale avait été mise en place et une résolution particulière votée, visant à « libérer la race nègre partout dans le monde ». Lors du congrès, Du Bois loue la politique menée par les communistes russes à l’égard des nationalités de l’ancien empire tsariste. Une collusion entre panafricanisme et communisme est alors invoquée par les détracteurs, qui notent qu’auparavant les communistes qualifiaient le panafricanisme de « nationalisme petit-bourgeois ». Le congrès est analysé comme ayant fait prendre au mouvement un tournant socialiste, en demandant que les travailleurs blancs le soutiennent et que les syndicats mettent un terme à leurs pratiques d’exclusion. La crise économique mondiale et la Seconde Guerre mondiale entraînent la suspension de la série des congrès; il faudra attendre dix-huit ans pour que se tienne le cinquième congrès.
Février 1927 : Congrès constitutif de la Ligue contre l’impérialisme et l’oppression coloniale
En février 1927, c’est le congrès constitutif de la « Ligue contre l’impérialisme et l’oppression coloniale » réunissant différents leaders des pays du Sud. Il vise à l’organisation d’un mouvement anti-impérialiste de masse au niveau mondial, et s’inscrit dans la stratégie communiste du moment.
Le 26 mars 1926 : Création du Comité de défense de la race nègre
Le 26 mars 1926 à Paris (France), Lamine A. Senghor crée le Comité de défense de la race nègre.
30 avril 1924 : Création de la Ligue universelle pour la défense de la race noire
Création de la Ligue universelle pour la défense de la race noire le 30 avril 1924 à Paris (France) et dont le fondateur est Tovalou Houénou. Le but recherché est la protection des droits des personnes noires à travers le monde, mais aussi le développement de la solidarité et l’accès à l’éducation pour tous.
De novembre à décembre 1923 : Congrès panafricain
De novembre à décembre 1923 a lieu le troisième Congrès panafricain à Londres (Royaume Uni) et pour la première fois à Lisbonne (Portugal). A Londres, les délégués demandent l’émancipation et le développement de l’Afrique pour les Africains, l’abolition de la ségrégation et l’interdiction du lynchage des Afro-Américains dans les États du sud des États-Unis. A Lisbonne, les Africains des colonies portugaises, organisés en plusieurs associations, réclament une meilleur représentativité politique, des droits de propriété et d’accès à la terre, la mise en place d’une justice avec des jurés locaux, le droit à une éducation élémentaire et la formation technique et professionnelle, le développement économique et commercial assorti de la répartition juste et équitable des bénéfices, l’abolition des formes d’esclavage et du travail forcé et, de manière inédite, le droit à l’autodéfense y compris par le port d’armes.
Du 28 août au 6 septembre 1921 - Congrès panafricain
Le deuxième Congrès Panafricain se tient du 28 août au 6 septembre 1921 dans trois villes différentes – Londres, Bruxelles et Paris – et entraîne l’adoption d’un certain nombre de résolutions publiées dans le magazine The Crisis. Cette deuxième réunion accueille une quarantaine de délégués venus d’Afrique, une trentaine des États-Unis, une vingtaine d’Europe et une demi-douzaine des Antilles et se concentre sur les questions relatives à l’inégalité raciale, aux obstacles à l’évolution de l’Afrique ainsi qu’à l’autogouvernance africaine. Elle conduit également à la création d’une organisation politique permanente: l’Association Panafricaine.
Le 1er août 1920 - Première Convention internationale des peuples Nègres du Monde
La première Convention internationale des peuples Nègres du Monde s’organise à New York (USA) le 1er août 1920. Elle est présidée par Marcus Garvey et donne lieu à la rédaction de la Déclaration des Droits des peuples Nègres du Monde. Au Liberty Hall d’Harlem, Garvey dénonce, devant plus de 25000 personnes, la condition noire dans le monde entier et pose les fondements panafricains de l’UNIA (Universal Negro Improvement and Conservation Association and African Communities League). Outre l’égalité raciale, la justice sociale, la dignité et la liberté en toutes choses, le texte demande que l’Afrique soit rendue aux Africains et que leur soient reconnus le droit à l’autodétermination et le contrôle de leurs propres institutions (écoles, commerces, immobilier). Pour sceller l’unité noire, l’UNIA introduit un hymne, un drapeau (rouge, noir, vert) et même un jour férié (le 31 août).
Du 19 au 22 février 1919 - Congrès panafricain
Le premier Congrès Panafricain est organisé de façon à coïncider avec la Conférence de Paix de Paris qui met fin à la Première Guerre mondiale. Son but est d’influencer l’agenda politique des négociations des traités de paix en présentant des résolutions à la Société des Nations (SDN) nouvellement formée. Tenue du 19 au 22 février 1919, la conférence rencontre de nombreuses difficultés en matière d’organisation, telles que les difficultés à obtenir des visas pour les participants, mais réussit néanmoins à réunir 57 délégués de 15 pays et à adresser une pétition aux nations alliées pour attirer l’attention sur l’oppression politique et économique dont sont victimes les peuples colonisés. Les délégués demandent aux puissances coloniales un engagement juridique et législatif afin de respecter les droits des populations africaines en matière d’accès et de contrôle de la terre, d’abolition du travail forcé, de droit à l’éducation, la mise en place de politiques sociales et d’un programme d’émancipation afin que les africains se forment à la gestion de l’État moderne.
Du 17 au 19 avril 1912 - Conférence internationale sur la situation des Noirs
Du 17 au 19 avril 1912 a lieu une conférence internationale sur la situation des Noirs à l’institut Tuskegee aux États-Unis. Cette assemblée discute des méthodes pour recruter des délégués francophones en Afrique, et pour mener des actions de formation politique des Noirs sans attirer l’hostilité des colons blancs sud-africains. La conférence pose les bases d’une entreprise panafricaine transatlantique, l’Africa Union Company, pour coordonner la solidarité raciale avec le progrès technique et le développement de l’Afrique. La Première Guerre dite mondiale met un terme au projet.
Du 23 au 25 juillet 1900 - Première Conférence panafricaine
La première Conférence panafricaine se déroule à Londres (Royaume Uni) du 23 au 25 juillet 1900. C’est la première fois que le mot « Panafricanisme » est lancé et sera le nouveau mot d’ordre des rassemblements entre Africains et diasporas. L’objectif initial de la conférence est de rapprocher les peuples d’origine africaine, d’inaugurer une ère de relations nouvelles entre les différents groupes ethniques, d’assurer, en leur accordant des droits, la sécurité des Africains et l’amélioration de leurs conditions de vie.