Bruno MBOULOU BEKA
Décédé le 20 décembre 2014

MBOULOU BEKA assassiné par l’Etat gabonais
Bruno Georges Mboulou Beka a trouvé la mort après la répression d’une violence inouïe d’un meeting pacifique organisée par Front de l’opposition pour l’alternance au carrefour Rio, dans le 2e arrondissement de Libreville. Ce jour-là, l’opposition avait organisé une manifestation de contestation et de protestation contre le pouvoir en place.
Le 20 décembre 2014, Mboulou Beka et plusieurs autres jeunes gabonais s’étaient rassemblés à Rio pour manifester pacifiquement afin d’obtenir le départ du pouvoir d’Ali Bongo. La manifestation avait été réprimée par les forces de l’ordre alors qu’elle avait pourtant autorisé. Finalement interdite pour cause de « trouble à l’ordre public », elle s’est achevée par des violences ayant fait des blessés, mais surtout ayant causé la mort de cet étudiant de 31 ans, inscrit à l’école nationale d’arts et manufacture (ENAM) à Libreville.
A ce jour, les conditions de ce décès n’ont toujours pas été clairement élucidées. Si le pouvoir a toujours rejeté catégoriquement les accusations indiquant l’orchestration de la mort de ce jeune-homme, il est cependant à relever qu’un médecin légiste avait confirmé que l’étudiant était mort à la suite d’un projectile qui l’avait touché au cou.
Sa dépouille est restée conservée aux pompes funèbres durant près d’un an. La famille et le gouvernement ne trouvant pas de terrain d’entente sur une autopsie dans laquelle serait impliquées toutes les parties.
Lors d’une conférence de presse, la famille de Mboulou Beka n’avait pas hésiter, dès les premières heures a :
- accuser formellement l’Etat gabonais d’être l’auteur de l’assassinat de Mboulou Beka.
- exiger au nom de la dignité humaine et de la solidarité familiale, le devoir de vérité qui est un droit de l’homme pour toute victime et ses ayants droits en cas d’assassinat.
- tant que ce devoir n’est pas accompli par l’Etat gabonais, la famille Mboulou Beka a décidé que le corps de Mboulou Beka reste entre les mains de l’Etat gabonais, jusqu’à ce que justice lui soit rendue.
“ Quels sont ces âmes et cœur insensibles, qui ne peuvent compatir devant une disparition aussi tragique, une mort si précoce – 30 ans et père de deux enfants- ; ces âmes et cœurs qui préfèrent séquestrer notre enfant dans la chambre froide de Gabosep, au lieu de militer en faveur du repos de son âme en paix ’’
Malgré les pressions officielles, sa famille avait courageusement conditionné l’inhumation de Bruno Mboulou Beka à la manifestation de la vérité sur ce crime. Le bras de fer aura duré de longs mois avec le gouvernement. Elle a finalement été contrainte de l’inhumer le 17 juillet 2016 à Konoville Les deux églises, son village natal, situé à égale distance d’Oyem et de Bitam dans la province du Woleu-Ntem au nord du Gabon.
Sa famille et les partisans de l’opposition et du changement ont fait de Bruno Mboulou Beka un martyr. Il laisse deux orphelins derrière lui.

Repères bibliographiques
Pour aller plus loin
Dans son Manifeste pour le Respect des Libertés Publiques au Gabon paru en mars 2015, l’avocat Anges Kevin Nzigou rend hommage au sacrifice de Bruno Mboulou Beka pour la liberté.