NDOUNA DEPENAUD

7 juillet 1937 – 19 juillet 1977

Portrait réalisé par Pascal Kezah

Entrée en matière

Né le 7 juillet 1937 à Akieni, dans la province du Haut-Ogooué au sud-est du Gabon, NDOUNA DEPENAUD, de son vrai nom Dieudonné Pascal Ndouna Okogo (dont DEPENAUD est un anagramme) est un poète gabonais tristement célèbre, fils unique de l’union d’Arsène Okogho et de Jeanne-Pauline Amboyi.

Formation et Carrière

Après des études primaires et secondaires dans le Haut-Ogooué et une partie à Brazzaville en République du Congo, il obtient son BEPC au centre de Libreville en 1955. La même année, il gagne le concours pour intégrer l’École Normale de Mitzic dans le nord du Gabon.

En 1956, il obtient son certificat de fin d’études.

Il est ensuite affecté comme élève instituteur-adjoint à Batouala dans la province de l’Ogooué-Ivindo au nord-est du Gabon. Le 1er janvier 1958 le jeune instituteur est intégré titularisé pour le compte de l’administration coloniale.

En 1964, Pascal Ndouna Dépénaud obtient son Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement primaire (CAPEG), spécialité Sciences de l’éducation et psychologie sociale.

Il se rend en Côte d’Ivoire pour y effectuer un stage de perfectionnement de 1966 à 1968, à l’École normale supérieure d’Abidjan.

En juillet 1968, au terme de sa formation, il rentre au pays et exerce le métier d’enseignant. D’abord pour des classes de primaires, puis secondaires, où il est affecté comme professeur d’enseignement général.

Il devient directeur de l’Enseignement du 1er degré de 1969 à 1972.

Au mois de mai 1972, il est nommé directeur de l’enseignement du premier degré en parallèle avec ses fonctions d’enseignant à l’École normale supérieure et à l’École nationale d’administration de Libreville.

En octobre 1975 il réintègre l’éducation nationale comme directeur du Centre de formation des instituteurs d’Oyem après avoir occupé les fonctions de chef de la circonscription scolaire du Woleu-Ntem et après avoir été nommé inspecteur de l’Éducation nationale.

Carrière politique

Sur le plan politique, il exerce la fonction premier conseiller au sein de la représentation diplomatique du Gabon en Israël en 1972. L’année suivante, en 1973, il devient le représentant en chef de l’Etat du Gabon auprès de l’Etat de Guinée équatoriale. Pendant deux ans, il occupera cette fonction diplomatique avant de regagner son pays en 1975.

Membre du bureau politique du Parti Démocratique Gabonais, il contribue, avec d’autres, à la rédaction des statuts du parti unique. Avant sa mort, il milite pour l’introduction de courants au sein du parti afin que toutes voies puisse être entendue. Il se sert des mots pour dénoncer sans souvent faire dans la langue de bois, le comportement anti-républicain et diamétralement opposé aux valeurs sociétales traditionnelles africaines que sont par exemple le partage, l’altruisme, le respect, l’amour et l’entraide. Pascal Ndouna Dépénaud critique, à chaque fois que l’occasion lui est donnée, vertement la gestion et la gouvernance du régime d’Albert Bernard Bongo, président du Gabon à cette époque.

Il décède près de son domicile au quartier Akébé dans le 3ème arrondissement de Libreville, tué par balle, le 19 juillet 1977 à l’âge de 40 ans laissant derrière lui femme et de nombreux enfants. Son meurtre ne sera jamais élucidé.

Deux ans après son assassinat qui pour l’heure, n’a jamais été élucidée, Omar Bongo est réélu président de la République gabonaise en 1979. Candidat unique, il obtient 99,8% des suffrages.

Une âme de poète

Passionné d’écriture, il pouvait passer des jours à écrire, retranché. C’était également un amoureux de la nature qu’il passait beaucoup de temps à observer. C’est ainsi qu’il commença à rédiger des contenus poétiques qui révélaient la sensibilité qui le caractérisait mais aussi l’esprit africain qu’il définissait comme « l’âme nègre ».

CITATION :

« Je ne puis dire comment et pourquoi je suis venue à la poésie. Une formation essentiellement littéraire, un goût pour le merveilleux et une nature très sensible ont dû m’emmener à la poésie. Du reste, on naît poète, on ne le devient pas. La poésie est moins une question de technique (c’est le cas du versificateur), qu’un problème de sensibilité, de dispositions naturelles et de l’initiation à l’incommunicable. Pourquoi la poésie ? C’est parce que j’ai une forme foncièrement nègre : or, la poésie est par excellence la forme littéraire qui convient à l’expression de l’âme nègre, toute imprégnée de sensibilité… »

Ndouna Dépénaud a d’ailleurs publié deux recueils de poésie : « Passages« . Essais poétiques en 1969 et « Rêves à l’aube » en 1975.

Ces deux recueils ont été réédités aux éditions Raponda-Walker.

Il a également publié une pièce de théâtre en quatre actes, « La Plaie« .

À sa mort, il laisse plusieurs projets en attente d’édition : un roman Le Gouverneur des lacs ; une pièce de théâtre Elle ne l’épousera pas, des contes et proverbes « Les miettes du passé« .

Il a aussi écrit quelques poèmes à l’instar de « La honte et la peur » et de « La nuit ».

Ndouna Depenaud peut être considéré comme l’un des précurseurs de la littérature gabonaise moderne. Il a animé dans les années 60 la revue Réalités gabonaises qui a largement contribué à l’émergence d’une littérature moderne au Gabon.

Très proche de sa famille et de son village natal, il y retourna chaque fois qu’il le pût.

Il était également Scout. Cette activité l’emmena à beaucoup voyager pour découvrir diverses cultures et divers peuples et contribua à son ouverture d’esprit.

Aujourd’hui l’une de ses filles, Flore Andréa Ndouna Dépénaud, continue de faire vivre la mémoire de son père par l’organisation d’événements et ateliers culturels pour faire connaître l’œuvre du poète.

Repères bibliographiques

PUBLICATIONS

  • Passages. Essais poétiques, Libreville, Institut pédagogique national, 1969
  • Rêves à l’aube, Libreville, Institut pédagogique national, 1975
  • La Plaie, Pièce de théâtre en 4 actes

Pour aller plus loin

À lire

  • 50 figures de la littérature gabonaise de 1960 à 2010, Eric Joël Bekale, Archères, Dagan Edition, 28 avril 2015, 140 p., p. 101
  • Les grandes figures de la poésie gabonaise : de 1960 à 2015, Eric Joël Bekale, Archères, Dagan Edition, 28 avril 2015, 187 p., p. 101
  • « Lire Ndouna Dépénaud », Fortunat Obiang Essono, Notre Librairie, no 105,‎ avril-juin 1991, p. 112-113
  • Affaires africaines, Pierre Péan, Paris, Fayard, 1983, 188 p., p. 7

À consulter

  • Page Facebook : Ndouna Depenaud / Poète-écrivain gabonais