Pierre MAMBOUNDOU MAMBOUNDOU
6 novembre 1946 – 15 octobre 2011
Portrait Wikipédia
Entrée en matière
Pierre MAMBOUNDOU MAMBOUNDOU, né le 6 novembre 1946 à Mouila dans le sud du Gabon est un homme politique gabonais, leader de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), principal parti d’opposition gabonais qu’il a créé en 1989. Il s’est présenté trois fois candidat à l’élection présidentielle.
Famille
Né d’un père commerçant, Pierre Mamboundou, d’ethnie punu, est l’aîné d’une fratrie de sept enfants. Il passe la majeure partie de son enfance à Mouila. C’est là qu’il rencontre Augustine Balouki, une Gabonaise, qu’il épouse en 1969 et avec qui il aura 5 enfants.
Parcours académique
Pierre Mamboundou fait ses études primaires à l’école communale A de Mouila. Il entre au collège catholique Saint-Gabriel de Mouila pour effectuer son premier cycle d’études secondaires. En classe de seconde, il rejoint le collège catholique Bessieux, avant de poursuivre au lycée national Léon-Mba de Libreville où il obtient son baccalauréat scientifique. Il intègre ensuite l’université de Perpignan en France dont il sort ingénieur des travaux en télécommunication.
Un enseignant en physique lui fait la proposition de dispenser des cours au Centre Régional d’Études Universitaires de la Formation Permanente à Perpignan (CREUFOP). C’est donc en tant qu’enseignant de physique qu’il entre dans la vie active. En 1988, il est admis à la Société Française de Physique (SFP).
Carrière professionnelle
Pierre Mamboundou quitte ensuite la France et rejoint Libreville où il dirige brièvement l’Agence Commerciale de Télécommunications et travaille à la mise en place du Centre national de télécommunication (CENACOM).
Il retourne en France en 1979 en tant que chef des projets à la direction scientifique et technique de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), ancêtre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Quelques années plus tard, il devient chargé de mission auprès du secrétaire général de l’organisation, puis directeur des relations extérieures. Il mène plusieurs missions auprès de différents chefs d’États et de gouvernements pour le compte de l’organisation afin de promouvoir l’usage de la langue française. Il travaille également à la préservation des langues nationales africaines.
Parcours politique
Fréquentant l’opposition, Pierre Mamboundou crée le 14 juillet 1989 l’Union du peuple gabonais (UPG). Expulsé de France en février 1990, Pierre Mamboundou part en exil à Dakar au Sénégal6,2. Pendant ses trois années d’exil, il apprend le wolof. Il prend contact avec les étudiants gabonais au Sénégal qu’il convie à le rejoindre dans le combat qu’il mène. Certains parmi eux deviennent des cadres de son parti.
À Libreville, un procès contre lui le condamne par contumace, le 21 décembre 1990, à dix ans de prison et 10 ans d’interdiction d’exercer ses droits civiques.
Pourtant, le 1er novembre 1993, après une semaine de rétention à l’aéroport international de Dakar, il rentre au Gabon mais n’est pas arrêté. Son dossier de candidature à la première élection présidentielle multipartite du 5 décembre 1993 est en revanche rejeté, malgré les manifestations de ses partisans. Il participe à trois élections présidentielles par la suite.
Le 17 novembre 1993, Pierre Mamboundou tient son premier meeting populaire au Gabon à Kinguélé, un quartier « sous-intégré » situé dans le 3e arrondissement de Libreville. Plus tard, ce quartier réputé frondeur deviendra un fief politique.
Omar Bongo remporte le scrutin de 1993. La contestation de cette victoire donne lieu à de violentes émeutes qui embrasent le pays en 1994. La classe politique gabonaise est alors invitée à se retrouver à Paris, mais il refuse de prendre part à la rencontre ; il se fait représenter par le secrétaire exécutif de son parti, Sébastien Mamboundou Mouyama. Il rejette par la suite les accords signés après cette rencontre, jugeant que l’opposition n’a pas eu suffisamment de garanties sur l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes.
Élection au Parlement en 1996
En 1996, il se porte candidat aux élections législatives à Ndendé dans le département de la Dola (sud du Gabon) ; six autres candidats participent au scrutin. À l’issue du premier tour, il arrive en tête avec 44,61 % des suffrages exprimés et affronte au second tour Lucie Ickapi-Bignoumba Madjinou, qui a recueilli 21,39 % des suffrages. Avec le soutien de son épouse, Augustine Mamboundou, revenue de France pour l’occasion, il remporte le scrutin au deuxième tour. La ville de Ndendé devient par la suite un bastion de son parti qui y remporte toutes les élections. Pierre Mamboundou est le 2e député du département de la Dola, il a succédé à Mapangou Moukagni Mouetsa de l’Alliance pour le Socialisme au Gabon (APSG).
Pour son premier mandat de parlementaire, il est président du groupe Force Démocratique Unies (FDU) à l’Assemblée nationale. Ce groupe parlementaire regroupe les députés de l’Union du peuple gabonais (UPG), du Forum Africain pour la Reconstruction (FAR) et du Parti Social Démocrate (PSD).
Maire de Ndendé
En 1997, Pierre Mamboundou, tout en conservant son mandat de député, est élu maire de la commune de Ndendé, chef-lieu du département de la Dola dans la province de la Ngounié. Le 29 décembre 2002, il est réélu pour un second mandat.
En août 2006, il présente un projet de développement global de sa municipalité au président Omar Bongo qui l’approuve ; il obtient une promesse de financement de 11,32 milliards de francs CFA. Cependant, son parti déclare que le ministère de l’économie et des finances n’aura débloqué que 1,9 milliard de francs CFA aux entreprises adjudicatrices des marchés. La même année, il lance le projet radio télévision de la Dola pour couvrir le département de la Dola dont il est le député.
Pour respecter la loi sur le non-cumul de mandats électifs, il cède le fauteuil de maire à Fidèle Mouloungui le 11 avril 2007 pour se consacrer à son mandat de député.
Candidature au scrutin présidentiel de 1998
Il devient le leader du Haut Conseil de la Résistance (HCR), la coalition des partis d’opposition formée en 1998, pour l’élection présidentielle du 6 décembre.
Véritable vainqueur de l’élection présidentielle, il n’a pas pu prendre le pouvoir parce que la dictature d’Omar BONGO s’est imposé par la force. La dictature le classe second avec 16,5 % des voix contre plus de 66 % au dictateur Omar Bongo. Pierre Mamboundou accuse le régime de fraude électorale et présente à la presse des centaines de fausses pièces d’identité qui ont servi au vote des étrangers. Il introduit un recours en annulation de l’élection pour fraude massive mais la cour constitutionnelle confirme la victoire d’Omar Bongo, dont il refuse l’invitation à un tour de table le 15 décembre 1998.
Opposition à la trêve sociale et à la modification constitutionnelle
En 1999, lors de la déclaration de politique générale du gouvernement à l’Assemblée nationale présentée par le Premier ministre Jean-François Ntoutoume Emane et retransmise en direct à la télévision nationale, il réussit en effet à mettre le Premier ministre en difficulté en démontrant que les calculs sur lesquels reposent ses prévisions budgétaires sont faux.
Le 6 octobre 1999 Pierre Mamboundou fait une proposition portant modification de la loi électorale. Elle entend :
- disqualifier le ministère de l’Intérieur dans l’organisation du scrutin ;
- recomposer la commission électorale afin qu’elle devienne permanente et indépendante ;
- supprimer les votes par procuration et les ministères techniques ;
- introduire le bulletin de vote unique et l’ampliation des procès-verbaux des bureaux de vote à tous les candidats.
Il propose également que la commission électorale soit composée à parité (majorité et opposition) avec deux présidents, deux vice-présidents et deux secrétaires. Sa proposition élargit enfin les prérogatives de la commission électorale qui se voit chargée de l’établissement des listes électorales et des cartes d’électeurs, de leur distribution, ainsi que de la détermination des centres de vote.
En 2000, Pierre Mamboundou organise une marche à Libreville les services du ministère de l’éducation nationale pour réclamer la suppression de la « rame de papier » et du « papier hygiénique » dans les listes de fournitures scolaires du primaire et du secondaire. Quelques semaines après, il obtient gain de cause.
Avec les partis membres du Haut Conseil de la Résistance (HCR), il décide de boycotter les élections législatives de 2001 dont il estime que les conditions de transparence du scrutin ne sont pas réunies. Il dit, plus tard, que l’Assemblée nationale élue en 2001 est composée de députés élus par seulement « 15 % des Gabonais ».
Le 28 août 2002, il adresse une correspondance à la cour constitutionnelle pour lui faire constater que le gouvernement viole la Constitution en célébrant la fête nationale le 16 août. L’article 2 de la loi fondamentale gabonaise dispose en effet : « […] La fête nationale est célébrée le 17 août ».
Il s’oppose en 2003 à la trêve sociale de trois ans demandée par le président Omar Bongo aux partenaires sociaux. Il estime qu’une trêve sociale des partenaires sociaux est contraire au droit du travail qui consacre le droit inaliénable de grève. La marche qu’il souhaite organiser pour exprimer son refus de voir signer ladite trêve est interdite par le Général Idriss Firmin Ngari, ministre de l’intérieur. C’est aussi en 2003 qu’il introduit un référé au tribunal de Libreville en vue d’empêcher l’adoption de la modification constitutionnelle instituant le vote à un seul tour pour toutes les élections. Le vote de la modification constitutionnelle est alors interrompu pendant quelques heures au parlement, une première dans l’histoire du Gabon.
Candidature au scrutin présidentiel de 2005
En novembre 2005, Pierre Mamboundou est de nouveau candidat à l’élection présidentielle. Sa propagande électorale est entièrement financée par ses militants au travers de « caisses rouges » qu’il traîne à toutes les étapes de sa tournée et dans lesquelles ses sympathisants versent leur contribution. En deux semaines de campagne électorale, il ne passe à la télévision qu’une seule fois. Cependant, malgré son absence dans les médias, ses meetings sont particulièrement suivis. Pierre Mamboundou est élu par le Peuple gabonais, mais malheureusement, comme d’habitude avec le système Bongo PDG, la dictature d’Omar BONGO passe en force en faisant un coup d’état militaro électoral, et le classe en deuxième position derrière le dictateur Omar Bongo avec 13,57 %.
Il conteste ces résultats. Son recours est resté célèbre à cause de l’exception préjudicielle qui l’accompagnait et dans laquelle il demandait à la cour constitutionnelle de ne pas traiter du contentieux car sa composition n’était pas conforme à la constitution. En effet, cinq membres sur les neuf siégeant à la cour accomplissaient leur troisième mandat en violation des dispositions qui limitent à deux le nombre de mandats des conseillers. Il met également en avant les liens personnels et familiaux que la présidente, Marie Madeleine Mborantsouo, entretient avec le candidat Omar Bongo et qui l’oblige à se récuser pour ne pas être en situation de juge et partie. Il verse à son dossier des copies d’actes de naissances d’enfants du candidat Omar Bongo (dont Marie Madeleine Mborantsouo est la mère) pour prouver ses affirmations.
Suite à cette élection présidentielle du 27 novembre 2005, le siège national de son parti, situé à Libreville, est mis à sac par des unités encagoulées de l’armée gabonaise le 21 mars 2006 sous la direction du Ministre de l’intérieur André MBA OBAME qu’il justifie par la recherche d’armes de guerre. Pierre Mamboundou échappe de peu à une tentative d’assassinat et se réfugie à l’ambassade d’Afrique du Sud. Il en ressort un mois après, afin d’initier des négociations avec le régime dictatorial gabonais.
Sa rencontre avec Omar Bongo, le 19 avril 2006, en présence de diplomates, est qualifiée d’historique par la presse. Pierre Mamboundou s’était en effet interdit de rencontrer son adversaire pendant vingt ans. Ces négociations ont depuis lors conduit, entre autres, à la réforme du code électoral et à la mise en place d’une Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP).
Réélu député en 2006
En décembre 2006, il est à nouveau élu député du département de la Dola et fait son retour dans l’hémicycle. Il est désigné président du groupe parlementaire formé par son parti, l’Union du peuple gabonais (UPG). C’est aussi la première fois que son parti possède son propre groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.
Pour améliorer le dispositif légal en matière électorale, Pierre Mamboundou fait une proposition de loi portant « Protection des données à caractères personnelles (Biométrie) » adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale puis par le Sénat.
Il est aussi l’auteur de la loi organique portant « Organisation de la Haute Cour de Justice en République Gabonaise » adoptée par l’Assemblée nationale gabonaise en 2009 concernant le fonctionnement de cette juridiction compétente pour juger le président de la République, les ministres et les présidents d’institutions constitutionnelles.
Candidature au scrutin présidentiel de 2009
Il est à nouveau candidat à la présidentielle, le 19 juillet 2009, après le décès du dictateur Omar Bongo, survenu le 8 juin 2009, et est soutenu par l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), une coalition de cinq partis politiques de l’opposition créée en juillet 2009 et rassemblant l’Union du peuple gabonais (UPG) de Pierre Mamboundou, l’Alliance nationale des bâtisseurs (ANB) de Séraphin Ndaot Rembogo, l’Union pour la nouvelle république (UPNR) de Louis Gaston Mayila, le Rassemblement national des bûcherons (RNB) de Pierre-André Kombila Koumba et le Parti socialiste gabonais (PSG) d’Adrien Mboumb King.
L’élection a lieu le 30 août 2009, Pierre MAMBOUNDOU MAMBOUNDOU arrive en tête devant Ali BONGO, mais, une fois de plus, suite au coup d’état militaro-électoral qui s’en suit, c’est un Ali BONGO qui est déclaré vainqueur par la Cour Constitutionnelle. Il se proclame cependant vainqueur avec 39,15 % et met au défi ses adversaires de produire les procès-verbaux des bureaux de vote prouvant le contraire, mettant à disposition de la presse ceux qu’il possède. Le 3 septembre 2009, alors qu’il prend part à un sit-in devant le siège la commission électorale pour réclamer que soient proclamés « les vrais résultats sortis des urnes », il est de nouveau l’objet d’une tentative d’assassinat orchestrée par un bataillon d’élite de l’armée gabonaise. Il est grièvement blessé et est évacué par sa sécurité rapprochée.
Alors qu’il reprend ses activités politiques et intensifie son combat en faveur de l’introduction de la biométrie dans le système électoral, Pierre Mamboundou meurt le 15 octobre 2011 des suites d’une crise cardiaque, à son domicile. Quelques heures avant son décès, il avait présidé la traditionnelle réunion hebdomadaire du Conseil exécutif de l’UPG.
Héritage politique
Le 10 février 2012, le gouvernement annonce, par l’intermédiaire du ministre de l’Intérieur Jean François Ndongou, la confection d’une liste électorale biométrique ainsi que l’introduction de la biométrie dans le système électoral dès 2013. Les élections locales de 2012 en permettront l’expérimentation.
« Au moment de déterminer notre destin, il nous appartient de réunir tous les éléments d’appréciation, pour choisir notre voie.
Dans cette grande ferveur, certains de nos compatriotes choisiront certainement de se laisser guider par le vent.
A ceux-là qui choisiront d’être dans le vent, je voudrais leur rappeler les mots de Sénèque, pour qui, il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va.
Au demeurant, quiconque choisit d’être dans le vent, se choisit un destin de feuille morte, dont le sort naturel est d’être abandonné sur le passage du tourbillon, avant d’être balayée, et de finir dans les poubelles de l’histoire. »
Pierre Mamboundou, Discours du 19 juillet 2009
Repères bibliographiques
PUBLICATIONS
À lire
- Décision de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, 320/06 Pierre Mamboundou / Gabon, 24 juillet 2013
https://www.achpr.org/public/Document/file/French/achpr14eo_decis_320_06_gabon_2013_fra.pdf - Mots d’exil, Bellarmin La Doxa Éditions, 2014
- Pierre Mamboundou, le fin limier, Serge Kevin Biyoghe, Edilivre, 2019
Pour aller plus loin
À écouter
- Le candidat de l’Alliance pour le changement et la restauration au Gabon face à Thierry Hot, Partie 1, 13min42, Africa 24
https://www.dailymotion.com/video/xa9hqq - Le candidat de l’Alliance pour le changement et la restauration au Gabon face à Thierry Hot, Partie 2, 13min30, Africa 24
https://www.dailymotion.com/video/xa9hqv - Gabon: Mamboundou appelle à des rassemblements, 2 septembre 2009
https://video-streaming.orange.fr/actu-politique/gabon-mamboundou-appelle-a-des-rassemblements-CNT000001ec11e.html
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/vdd09030968/gabon-mamboundou-appelle-a-des-rassemblements - Pierre Mamboundou devant la Cour Constitutionnelle, face à Marie Madeleine Mborantsuo, 2009, 11min42
https://www.dailymotion.com/video/x89iqa