Par : La Résistance Gabonaise
À l’attention de : Jean EYEGHE NDONG
Date : 12 juin 2021
Objet : Indignité, Ambition et Égocentrisme
Monsieur,
Depuis le 31 août 2016, le monde entier a découvert le vrai visage de celui qui s’est imposé à la tête de l’État gabonais depuis 2009. Non seulement il s’est avéré être un piètre gouvernant, ce qui a entraîné le rejet massif du peuple gabonais sur sa candidature, exprimé lors du vote de l’élection présidentielle du 27 aout 2016. Mais plus grave, il a révélé sa véritable nature criminelle en faisant assassiner sans vergogne d’innocents citoyens, dont le seul tort aura été de croire en l’alternance démocratique.
Face à ces actes, et a bien d’autres, qui signifient clairement que le Gabon est sous la coupe d’une dictature, le peuple souverain qui avait rejeté dans les urnes M. ali bongo, a décidé de lui résister sous toutes les formes puisqu’il s’accroche au pouvoir.
Nous, gabonais engagés dans le combat pour le respect de la souveraineté du peuple, avons entamé depuis cette date diverses actions pour d’une part, exiger le respect du vote du 27 août 2016 en faveur de M. Jean Ping et d’autre part, exiger la justice pour toutes les victimes des massacres, violences, disparitions et arrestations arbitraires perpétrés depuis le 31 août 2016.
Nous, gabonais, engagés dans le combat pour le respect de la souveraineté du peuple, avons découvert avec consternation sur les réseaux sociaux, le mercredi 9 juin 2021, la rencontre de M. Jean Eyeghe Ndong, leader de l’opposition et membre de la Coalition pour la Nouvelle République aux côtés du Président élu Jean Ping, au Palais du bord de mer, avec l’homme terrassé en octobre 2018 à Riyad.
Encore plus grande a été notre surprise d’entendre la justification de M. Jean Eyeghe Ndong pour expliquer cet « entretien », nous le citons :
« J’ai été Premier ministre dans ce pays sous la présidence d’omar bongo ondimba. C’est à ce titre là que j’ai pris la responsabilité et même la décision de rencontrer monsieur ali bongo ondimba.
Vous savez aussi que nous avons eu des divergences politiques mais ça n’empêche pas que les Gabonais se parlent et se rencontrent pour le bien du pays. Donc le reste, je ne peux pas vous dévoiler le contenu de nos conversations qui ont été politiques et qui ont été personnelles (…)
Les gabonais doivent se parler. »
Plusieurs éléments de ce propos nous ont pour ainsi dire, heurtés :
Lorsque M. Jean Eyeghe Ndong utilise l’expression « divergences politiques », que veut-il exprimer réellement ?
M. Jean Eyeghe Ndong, bafouer la souveraineté du peuple gabonais, est-ce cela que vous appelez « divergence politique » ?
M. Jean Eyeghe Ndong, le hold-up militaro-électoral qui a suivi l’élection présidentielle du 27 août 2016, est-ce cela que vous appelez « divergence politique » ?
M. Jean Eyeghe Ndong, la violence qui a déferlé sur des citoyens gabonais désarmés, lors de la contestation du résultat de l’élection présidentielle, est-ce cela que vous appelez « divergence politique » ?
M. Jean Eyeghe Ndong, le massacre de citoyens gabonais innocents, ordonné par M. Ali Bongo, au quartier général de Jean Ping, véritable vainqueur de l’election présidentielle du 27 août 2016, est-ce cela que vous appelez « divergence politique » ?
M. Jean Eyeghe Ndong, les arrestations et détentions arbitraires, les disparitions forcées, les prisonniers politiques, la justice aux ordres de la dictature, les familles endeuillées, est-ce cela que vous appelez « divergence politique » ?
M. Jean Eyeghe Ndong, le négationnisme et le déni qui perdurent depuis les événements tragiques de cette nuit du 31 août 2016, est-ce cela que vous appelez « divergence politique » ?
M. Jean Eyeghe Ndong, l’utilisation du passé composé lorsque vous énoncez des « divergences politiques » que vous « avez eu » avec celui que l’on appelle M. Ali Bongo, doit-elle nous amener à comprendre que désormais, ces « divergences politiques », que nous venons d’énumérer de manière non exhaustive, sont derrière vous ?
M. Jean Eyeghe Ndong, alors que le peuple gabonais subit des injustices au quotidien, qu’il est poussé dans ses derniers retranchements, qu’il agonise, qu’il est asphyxié par les décisions iniques prises par celui auprès de qui vous avez sollicité un entretien, vous décidez d’aborder des questions d’ordre personnel avec celui que l’on appelle Ali Bongo.
M. Jean Eyeghe Ndong, une fois de plus, une fois de trop, vous nous avez prouvé que pour vous, que nous appelons communément classe politique au Gabon, seuls vos intérêts personnels priment et primeront toujours sur ceux du peuple.
M. Jean Eyeghe Ndong, quand comprendrez-vous enfin que chacune des personnes qui s’est engagée dans ce combat pour la libération du Gabon a dû sacrifier quelque chose ? Sa liberté, sa famille, son travail, son énergie, son temps, son argent et même sa vie ?
Vos émoluments d’ancien premier ministre, bloqués depuis 2010 par le pouvoir dictatorial sont-ils plus importants que votre dignité ou celle de ceux qui ont perdu leur travail, leur salaire, leur liberté ou encore leur vie, depuis l’avènement du dictateur Ali Bongo ?
Au nom de quoi, est-ce donc ce même dictateur que vous sollicitez pour évoquer des problèmes d’ordre personnel ?
Au nom de la dignité humaine, avez-vous pensé un seul instant aux conséquences que cet acte que vous avez posé pourrait avoir sur tous ceux et toutes celles qui sont engagés dans ce combat pour la libération du Gabon ?
Au nom de la dignité humaine, avez-vous pensé un seul instant à l’utilisation que le pouvoir dictatorial ferait de votre entretien et de ces images abjectes et qui, nous le citons, annonce « votre volonté ferme de rapprochement avec l’exécutif au-delà de toutes formes de divergences et votre retour au PDG bien engagé dans l’intérêt supérieur de la Nation » ?
M. Jean Eyeghe Ndong, si cette justification d’entrevue nous est apparue indigne, eut égard à la stature et à la place que vous occupiez dans ce combat pour la souveraineté du peuple gabonais et dans lequel nous sommes totalement engagés, la question de l’intérêt personnel nous apparait tout simplement pathétique.
M. Jean Eyeghe Ndong, au moment où la dignité, la loyauté patriotique et la cohérence politique devraient vous habiter, vous avez décidé de tomber dans les travers qui habitent ceux que nous combattons : le déni et l’égocentrisme.
M. Jean Eyeghe Ndong, au moment de faire le choix entre le champagne pour quelques un ou l’eau potable pour tous, pensez-vous avoir pris la bonne décision en sollicitant un entretien à huis-clos avec M. Ali Bongo pour des questions d’ordre personnel ?
À tous ceux que nous appelons communément « classe politique gabonaise », allez-vous continuer à vous montrer indigne de la mission qui est la vôtre ? Allez-vous continuer à prioriser vos intérêts et ambitions personnels plutôt que ceux de la population ? Allez-vous continuer à mépriser les aspirations du peuple gabonais pour votre confort personnel ?
Nous, gabonais, engagés dans le combat pour le respect de la souveraineté du peuple, appelons au ressaisissement et au sursaut patriotique de chacun.
Une bonne fois pour toute, prenez la mesure de la mission pour la libération du Gabon qui vous incombe ou alors, écartez-vous du chemin du peuple gabonais, avide de liberté.
Une bonne fois pour toute, entendez que nous n’accepterons plus jamais de nous faire écraser par vos égos, votre égoïsme, votre égocentrisme, vos ambitions et votre manque de considération envers nous, le peuple.
Nous, gabonais, engagés dans le combat pour le respect de la souveraineté du peuple, réitérons notre engagement auprès du Président élu Jean Ping et lui demandons de faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’enfin nous puissions atteindre l’objectif salutaire de l’instauration de la démocratie dans notre pays.
Nous, gabonais, engagés dans le combat pour le respect de la souveraineté du peuple, en appelons au sursaut patriotique de chacun. Nous le devons à tous ceux qui ont versé leur sang, leur sueur, leur souffrance et leur sacrifice suprême, dans ce combat pour la libération de notre pays.