Par : L’Observatoire Gabonais sur la Responsabilité sociétaire des Entreprises, Administrations et Industries ( OGARSEAI )

À l’attention de : Patricia BARBIZET, Présidente du Comité de Gouvernance et d’Éthique du groupe TOTAL

Date : 5 janvier 2017

Objet : Crise post-électorale au Gabon

Depuis 2016, le groupe TOTAL est le nouveau sponsor du football africain, notamment de la Coupe d’Afrique des Nations pour les huit prochaines années. 

Selon votre code de conduite datant de février 2015, le groupe TOTAL est régi par des valeurs qui guident ses actions notamment selon le Directeur Général Patrick POUYANNÉ, le respect des standards internationaux relatifs aux Droits de l’Homme. Selon ce même code, TOTAL se réserve le droit d’exprimer auprès des gouvernements, le cas échéant, ses convictions quant à l’importance de respecter les droits de l’Homme. 

Votre entreprise se targue en outre de s’engager dans le pacte mondial des Nations Unis et ses principes directeurs, ainsi qu’à travers les principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’Homme. C’est la raison qui nous amène aujourd’hui, nous, citoyens gabonais, à manifester notre mécontentement vis à vis de l’ignorance – ou mépris – d’un partenaire économique historique qui n’a pas pris ses engagements à l’égard des troubles politiques survenus à l’issue des élections présidentielles du 27 août 2016, troubles ayant causé l’incarcération arbitraire, la disparition et la mort injuste de bon nombre de nos concitoyens. 

Au-delà de la prise de position politique, limité par la problématique de la souveraineté des pays hôtes, nous tenons toutefois à mentionner qu’étant opérateur pétrolier au Gabon, il semble impossible que vous n’ayez été au courant des exactions commises sur les populations, ainsi que des conclusions édifiantes de la Mission d’Observation Électorale de l’Union Européenne qui mettent en doute l’intégrité du résultat final de l’élection présidentielle au Gabon dans son rapport daté du 12 décembre 2016.

TOTAL faillit à faire respecter des principes équivalents au gouvernement gabonais, pays hôte de la Coupe d’Afrique des Nations, et par là même accroît son risque réputationnel et se met en porte-à-faux vis à vis des conventions internationales en matière de respect des droits humains dont le groupe est signataire.

Nous réclamons au Comité de Gouvernance et d’Éthique de dénoncer sans ambiguïté les dérives totalitaires de l’État gabonais vis à vis des civiles et, de soutenir la proposition de déplacer les événements de la Coupe d’Afrique des Nations prévus pour le 14 janvier 2017, vers un pays candidat plus respectueux des droits de l’homme.

Nous demandons également qu’à l’avenir, l’un des prérequis fondamental pour la prétention à l’organisation des futures compétitions de football, soit la conformité des gouvernements à l’égard des standards internationaux des libertés individuelles.

Le silence du groupe TOTAL n’a que trop duré, une prise de position rapide et ferme est plus que nécessaire pour garantir l’intégrité de la Coupe d’Afrique des Nations 2017.