Par : L’Observatoire Gabonais sur la Responsabilité sociétaire des Entreprises, Administrations et Industries ( OGARSEAI )

À l’attention de : Vincent BOLLORÉ, Président-Directeur général du groupe BOLLORÉ

Date : 15 février 2017

Objet : Crise post-électorale au Gabon

Paris, le 15 février 2017

Monsieur,

Le Samedi 27 août 2016, les élections présidentielles gabonaises portaient aux nues le candidat Jean Ping. Avec plus de 60% du scrutin, le peuple Gabonais a cristallisé son impérieuse volonté d’en découdre avec un système dictatorial archaïque, entretenu par les malicieuses éminences grises d’une Françafrique moribonde. Nous, citoyens gabonais de la diaspora, sommes ici devant vous, pour annoncer la fin prochaine d’une mécanique économique fondée sur le pillage des richesses du continent africain, au détriment des peuples oppressés; mécanique dont le groupe Bolloré est un rouage.

Nul besoin de faire votre procès. De rappeler l’irrégularité de votre monopole sur les ports, chaines logistiques et productions agricoles, légitimé par vos relations, M. Vincent Bolloré, avec la famille Bongo; monopole qu’un Etat réellement démocratique et souverain n’aurait toléré ; monopole qui défie la logique de la libre concurrence, mais pour combien de temps encore ? Nous ne sommes que trop bien informés de cette diplomatie de l’ombre que vous exercez, par laquelle la France parvient à conserver les reliques de sa domination coloniale, et à se constituer une manne financière lui permettant de vainement colmater dans sa métropole les failles de son propre système économique croulant. 

Nous savons bien que ces multinationales françaises de votre dimension cachent sous leurs pompeux résultats financiers des performances fabriquées, fondées sur le batifolage d’hommes d’affaires discrédités par leurs propres employés, avec des dictateurs graduellement en mal de soutien politique et militaire de la communauté internationale. 

Voyez par vous même, le Parlement Européen vous lâche. Ce sera bientôt le tour de la Commission Européenne, qui prendra tôt ou tard des sanctions à l’encontre des assassins et voleurs de liberté. Vos messes basses, vos lobbies bruxellois n’y feront rien. Vous tomberez. Ainsi que vos amis de la place. 

Il serait plus judicieux et sûr de renoncer, de garder la tête haute, et de renégocier vos droits selon les règles d’un marché librement concurrentiel. Oui judicieux, car si les urnes de Bruxelles venaient à contredire la vérité de celles de Libreville, alors vos lobbies n’auront raison de la vindicte populaire, d’une vox populi suffisamment abusée, suffisamment éprouvée pour en venir à la force. La liberté va se libérer. Par tous les moyens, y compris ceux qui font fi de la diplomatie. 

À bon entendeur, Monsieur Bolloré…