Par : L’Observatoire Gabonais sur la Responsabilité sociétaire des Entreprises, Administrations et Industries ( OGARSEAI )

À l’attention de : Monseigneur Michel AUPETIT, Diocèse de Paris

Date : 18 décembre 2017

Objet : Célébration de la messe de Requiem de Léon MBA

Monseigneur,

Comme vous le savez sans doute, le Gabon vit une grave crise post-électorale depuis l’élection présidentielle du 27 août 216. En effet, celle-ci s’est soldée une fois de plus par un coup d’Etat électoral de M. Ali Bongo Ondimba, dont la famille est au pouvoir depuis maintenant 50 ans, et a surtout été marquée par le massacre de nombreux gabonais par les forces aux ordres de M. Bongo Ondimba. Depuis, les Gabonais, dans leur grande majorité, n’ont eu de cesse de réclamer le respect de leur vote ainsi que la justice pour les victimes des répressions post-électorales.

C’est dans ce contexte qu’ à la date du 23 novembre 2017, nous, diaspora gabonaise de France, vous avons fait parvenir par voie postale, un courrier faisant part de notre indignation face à la célébration de la messe de requiem pour son Excellence Léon MBA (Premier président de la République gabonaise), à l’église Saint-Pierre de Chaillot, demandée par l’Ambassade du Gabon en France.

Il avait été demandé au Père François d’Antin, curé de l’église, et à la conférence des Évêques, de reconsidérer la célébration de cette messe, dont le but n’était pas de  commémorer la mémoire de son Excellence Léon MBA mais en réalité de célébrer le cinquantenaire de la famille Bongo Ondimba à la tête du Gabon.

Nous vous demandions expressément de reconsidérer la célébration de cette messe au regard de la situation qui prévaut au Gabon depuis l’élection du 27 août 2016. De plus, le vendredi 24 novembre 2017, deux membres de la communauté gabonaise ont rencontré le vicaire de l’église Saint-Pierre de Chaillot. Un rappel de la situation ainsi que le même courrier a été remis en mains propres. 

Lundi 27 novembre 2017, à l’église Saint-Pierre de Chaillot dans le 16e arrondissement de Paris, se déroulait donc la messe de requiem de son Excellence Léon MBA qui entamait la semaine de l’exposition « Léon MBA, 50 ans après » organisée par l’Ambassade du Gabon à Paris.

À 17h, quelques gabonais résistants avaient pris part à la messe. Alors que le prêtre avait fait appel au premier lecteur du verset 1 Corinthiens 15 choisi pour l’occasion, c’est en réalité, un membre de la résistance gabonaise qui s’est levé pour l’effectuer. Après avoir commencé la lecture du verset, il a rappelé, à l’assistance médusée, les morts engendrés par la folie meurtrière d’Ali Bongo Ondimba qui a fait attaquer à l’arme lourde durant toute la nuit du 31 août au 1er septembre 2016 le quartier général (QG) de  son Excellence le Président Jean Ping, le véritable vainqueur de l’élection présidentielle.

 » Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés et cela au même instant, en un clin d’œil, quand à la fin la trompette retentira. Car elle retentira, et les morts ressusciteront impérissables, et nous, nous serons transformés.  » 

Et il a continué,  » En effet mes frères, cette lecture que je vous donne ici concerne aussi les morts que nous avons eu la nuit du 31 août au 1er septembre lorsque le QG du Président Jean Ping avait été bombardé, comme vous le savez tous mes frères, Ali Bongo est un dictateur « . 

Le père François d’Antin s’est levé, déboussolé, des murmures se sont élevés, désabusés, la sécurité de l’ambassade du Gabon s’est activée, sonnée.

Tous les résistants ont été sortis de l’église manu militari, agressés et molestés par la sécurité de l’ambassade déjà citée plus haut. Dans un second temps, ils se sont introduits par la porte annexe de l’église Saint-Pierre de Chaillot, qui conduit directement devant l’autel. Seuls deux résistants, dont le lecteur du verset, ont pu y parvenir. À ce moment, Jean-Louis Kombila, actuel Consul Général du Gabon en France, pris d’une colère sans nom, s’est emparé d’une chaise avec laquelle il a violemment frappé le résistant lecteur du verset, ce dernier restera 3 à 4 minutes évanoui, étendu au sol, dans l’indifférence générale de l’assemblée et plus grave encore, du prêtre, le Père François d’Antin,  qui a continué sa messe sans sourciller (comme si de rien n’était). 

Près de l’entrée annexe de l’église, c’est une autre bataille qui s’engageait entre une demi-douzaine d’agents de la sécurité privée engagée par l’ambassade et deux résistants (dont un en béquilles). Alors qu’ils tentaient de les empêcher d’accéder à l’église, ils ont fini par donner des coups aux résistants qui se sont mis à crier « Ali Bongo assassin ! Tuez-nous !« . C’est dans cette confusion qu’est arrivé Michel Epaly dit « Mannix », l’un des 2 gendarmes affectés à l’ambassade du Gabon, qui au moment de choisir entre son arme à feu et une bombe lacrymogène dans son sac, a finalement opté pour la bombe lacrymogène qu’il s’est empressé d’utiliser sur les visages des résistants.

L’assemblée n’a jamais été mise en péril par l’utilisation de cette lacrymogène, comme certains ont pu le faire croire, ils (les Résistants) ont été pacifiques, calmes et déterminés malgré les agressions physiques et les menaces verbales proférées à leur encontre.

Les résistants ont dû appeler les pompiers eux-mêmes pour secourir le résistant agressé par Jean Louis Kombila puis jeté à l’extérieur par la sécurité. Et, alors que son téléphone tombait au sol, Michel Epaly dit Mannix l’a pris et a refusé de le restituer (malgré les multiples demandes réitérées par les forces de l’ordre présentes à ce moment). 

Il est possible de vérifier cette version des faits auprès des autorités, c’est à dire les forces de l’Ordre (police française et les renseignements généraux) présentes ce soir là, en effet, elles ont procédé à des vérifications d’identité des personnes au sein de l’église et à l’extérieur.

Ce résistant sera conduit aux urgences avant d’aller déposer une plainte contre Jean Louis Kombila pour coups et blessures et vol de téléphone contre Michel Epaly dit « Mannix ».

Daigne, Votre Excellence, agréer l’expression de notre respectueuse considération.

Ampliation :

  • Sa Sainteté le Pape François
  • Mgr Georges Ponthier, Président de la Conférence des évêques de France
  • Père François d’Antin, Paroisse Saint-Pierre de Chaillot